Dans le temps, il régnait une activité besogneuse au hameau.
Les fermiers apportaient leur blé à moudre,
le meunier faisait tourner ses meules, les commis partaient livrer la farine aux boulangers,
et les familles transformaient leur farine en belles boules dorées dans le four à pain du hameau.
Enfant, je voulais faire un métier en extérieur, mais je rentre dans le rang et fais une école de commerce. Pendant 20 ans, je travaille en marketing dans le secteur du luxe à New York, Londres et Hong Kong. C’est glamour, mais cela ne me correspond pas vraiment. Néanmoins, cela m’apporte le goût du geste artisanal et je satisfais mon envie de nature ailleurs.
Mon intérêt pour le végétal est peut-être hérité de mes arrière-grands-parents pépiniéristes et de mes grands-parents grainetiers. Mais je vis en ville et dois me contenter de planter des tomates sur le rooftop à New York, et d’apprendre la permaculture. Je suis sensibilisée tôt à la problématique climatique sans parvenir à concilier cette réalité avec mon activité professionnelle. Alors je calme mon éco-anxiété en nettoyant les plages de Hong Kong.
Dans ma quête de solutions, l’agriculture apparaît comme un levier majeur de la transition écologique : en diversifiant les cultures et en régénérant la vie du sol, on capte du carbone, on préserve la réserve hydrique et on favorise la biodiversité. Facile à dire, moins facile à faire à Hong Kong qui importe presque l’intégralité de son eau et sa nourriture.
En 2018, je finis par assumer mes convictions écologiques et suis une formation en ‘business sustainability’ qui m’amène à diriger Shared Value Initiative HK : l’objectif est d’aider les entreprises à identifier des réponses profitables aux problématiques sociales et environnementales. Vaste programme !
Enfin, en 2021 les planètes s’alignent avec ce retour en France après 32 ans sur quatre continents et, au même moment, l’opportunité d’achat de cette ancienne ferme proche du fief familial. Je tente le grand saut et me lance dans un BTS Production Horticole pour obtenir la Capacité Agricole.
Avec ce projet d’agroécologie, je compte partager ma vision d’une agriculture qui nourrit, ressource et crée nos paysages, une agriculture qui travaille avec le vivant et détient de nombreuses clés d’adaptation au changement climatique. Je souhaite qu'au Moulin des Etrebières, on retrouve sa place au sein de notre écosystème et qu'on renoue avec l'intelligence de nos mains grâce aux ateliers de savoir-faire.
Il y avait deux moulins des Etrebières. Le moulin à vent sur la crête de la colline tournait l’été. Le moulin à eau dans le hameau fonctionnait l’hiver. L’eau du bief (ébé en patois local) activait la roue du moulin à eau. La rivière, détournée à 500m de là, alimentait le bief.
Aujourd’hui le ruisseau a retrouvé son cours naturel au creux de la vallée. Mais le tracé de l’ancien bief reste bien marqué par l’alignement d’arbres qui se sont installés naturellement dans ce milieu humide.
Il y aurait eu un moulin aux Etrebières depuis 1610. Il figure sur la carte de Cassini d'avant 1789 et sur le cadastre napoléonien (autour de 1834). En 1908, on le convertit en moulin à cylindres fonctionnant à la vapeur puis au gaz pauvre (1918), au diesel (1933), à l’essence (1949) et enfin à l’électricité (1955).
Roger Sionnet ferme la minoterie le 31 décembre 1987 mais la ferme opère encore en élevage laitier jusque dans les années 2000. Il y a d’ailleurs toujours eu une activité fermière en parallèle du moulin, avec du maraîchage, des arbres fruitiers, de la vigne et des poules.
L’objectif est de pratiquer une agriculture diversifiée, avec un potager et un verger pour alimenter gîte et ateliers en fruits et légumes frais et de saison, sans oublier les œufs des poules et le miel des abeilles.
La majorité des neuf hectares restera en prairie, pâturées par les troupeaux des agriculteurs locaux, pour favoriser la biodiversité, réguler le niveau d’eau et capturer du carbone.
Le hameau est accroché à flanc de colline avec près de 10m de dénivelé entre le rez-de-chaussée du moulin et l'entrée du hangar.
Au cours du temps et des besoins de l’activité du moulin, de la ferme, et des élargissements familiaux, les habitants ont modifié ou rajouté des bâtiments. On peut encore voir les traces de ces transformations sur les murs en pierre.
Les anciennes habitations sont maintenant restaurées en un grand gîte de charme qui peut accueillir familles, groupes d’amis ou collègues.
Vitrine du hameau, le moulin accueille le visiteur avec sa façade imposante. Il est le témoin de l’intense activité de meunerie tout le long du ruisseau (un affluent du Loing). Il est en cours de travaux de clos-couvert (phase 1) avec la réfection de la toiture et le remplacement des menuiseries extérieures.
La phase 2 des travaux prévue pour 2026 verra l'aménagement :
La grange est désormais hors d’eau avec la réfection de la toiture.
En phase 2 (travaux prévus en 2026), elle sera aménagée en atelier multi-usages pour se réapproprier les gestes simples qui changent la vie et se reconnecter à la matière. On pourra apprendre les bases de la menuiserie, la mécanique, la plomberie, la vannerie, la poterie, ou autre.
Ainsi, la grange deviendra un lieu de transmission entre artisans passionnés et ceux qui souhaitent renouer avec l'intelligence des mains.
L’ensemble étable, hangar, porcherie et poulailler sur les hauteurs du hameau restera à vocation agricole et hébergera les activités d’arboriculture fruitière, de maraîchage, de petit élevage et autres cultures.
Le hangar doit être urgemment rénové car il risque de s'écrouler. Bien que construit en parpaing de mâchefer à la sortie de la seconde guerre mondiale, il respecte les proportions de la grange vendéenne traditionnelle, flanquée par une étable en pierres.
Dans le cadre de la rénovation écologique, des panneaux photovoltaïques pour la production d’électricité seront installés sur les toitures.